Originaire de Guinée-Conakry, Aminata était la plus jeune des dix-huit coiffeurs et manucures du 57, boulevard de Strasbourg, à Paris, qui ont « grévé » pendant dix mois pour la paie et les papiers. Depuis la victoire en avril, elle commence à esquisser son avenir en France.
C’était fin mai, au congrès de la Ligue des droits de l’homme, au Mans. À la tribune, Aminata Soumaoro, 20 ans, raconte avec Fatou Doumbia les dix mois de grève qu’elles ont vécus au 57, boulevard de Strasbourg, à Paris : « Merci aux syndicats qui nous ont soutenus, qui nous ont donné le courage, lance la jeune travailleuse sans papiers. Je suis prête à me déplacer partout pour expliquer ce que j’ai vécu ! » Ambassadrice de la lutte : la fonction n’est pas usurpée. Au salon Dallas Afro Beauté, en cette fin mai 2014, où tout a commencé, Aminata est la plus jeune des dix-huit salariés, originaires de divers pays d’Afrique et de Chine, qui travaillent depuis six mois à la coiffure et à la manucure. À 19 ans et avec l’énergie de la colère face à ce patron « qui profite » d’eux, c’est elle qui va donner la première impulsion au mouvement, qui de la simple revendication pour être payés va s’élargir à la lutte pour la régularisation. Puis, à la remise en cause de tout le « système » du quartier Château-d’Eau, spécialisé dans la beauté africaine et basé sur la surexploitation des sans-papiers.