Au printemps 1967, le parolier libertaire-anarchiste Étienne Roda-Gil rencontre Julien Clerc à l’Écritoire, café étudiant du Quartier latin. Il lui écrit l’Amour en chantier : « Les rues sont barrées/Les nouveaux murs sont verts/Je vis en plein été/Comme au cœur de l’hiver. » Un an avant 1968, déjà l’esprit de Mai. Quelles chansons fredonne-t-on pendant les jours de la révolte étudiante ?
Les événements de Mai 68 sont faits de chansons, comme celles du groupe Gavroche, de l’artiste-chansonnier Sarkis Cazenave et du musicien de scène Blaise Recoing. Parmi eux, Renaud Séchan – Renaud –, qui, en 1975, chante, dans l’album Amoureux de Paname : « Allez, écoutez-moi, les Gavroches/Vous les enfants de ma ville/Non Paris n’est vraiment pas si moche. » En mai, les chanteurs Évariste, avec Reviens Dany, reviens, et Dominique Grange, avec Chacun de vous est concerné, enregistrent des « 45 Tours pavés », émanation poétique et lyrique de ce qui se passe dans la rue. La pochette est illustrée par Georges Wolinski. Avec sa guitare dans la Sorbonne occupée, Évariste compose une mélodie politique, la Révolution : « Si j’suis tombé par terre/C’est la faute à Nanterre/Le nez dans le ruisseau/C’est la faute à Grimaud », référence à Maurice Grimaud, le préfet de police de Paris pendant Mai 68.