Quand un soldat est une chanson datée de 1952, écrite par Francis Lemarque (1917-2002), qui signe à la fois les paroles et la musique et interdite quasi immédiatement par le Gouvernement.
La censure intervient en 1953 à un moment où l'armée française très engagée sur la guerre d'Indochine est dans une mauvaise passe face à la guérilla livrée par les populations locales contre les forces françaises, qui connaissent des problèmes en hommes et en moyens.
Ces faits seront suivis de la défaite de la France en 1954.
Deux titres sont particulièrement visés à cette époque : Quand un soldat et Le Déserteur de Boris Vian sorti en 1954.
La chanson contrairement à La Chanson de Craonne est moins irrévérencieuse, notamment envers les notables et la bourgeoisie en place. Par contre, elle porte atteinte au pouvoir en place en 1953 et clame clairement son rejet de la politique mobilisatrice d'effort de guerre prônée par le gouvernement en place pour défendre les colonies françaises.
Le choix des mots du texte, dans ses vers, traduit le ton désabusé de la libre pensée populaire de l'époque : une guerre inutile et perdue d'avance.
Les paroles résument bien le ressenti général de la population française, qui après 1945, croyait en avoir terminé avec la guerre. L'image du fier guerrier qui peut espérer finir décoré et monter en grade pour faits d'armes, souvent à titre posthume, y est battue en brèche et taillée en croupières.
La dernière strophe sous-entend que la guerre rend triste, qu'elle ne vaut pas l'amour de ses proches, les chansons et les fleurs.
La chanson conclut sur l'amer constat que celui qui revient, a « simplement eu d'la veine ». C'est un désaveu complet et total des politiques militaires, des stratégies de commandement et d'engagement des forces armées françaises, de son commandement, de son ministère et du choix du président de la République. Le soldat engagé au combat n'a ici qu'à s'en remettre à sa bonne étoile et ce ne sont pas des décisions militaires qui changeront quelque chose.
L'expression « simplement eu d'la veine » est importante, elle est issue du langage populaire ; Francis Lemarque, en l'insérant dans ses paroles, l'oppose de fait au devoir national qui est de « verser son sang pour la patrie. » La veine symbolise aussi le retour du sang au cœur.
Sources Wikipédia