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Rokia Traoré, voix d’espoir du Mali

L’artiste émeut par son interprétation sensible et le message d’amour qui émane de ses chansons.
Photo : Danny Willems

La chanteuse malienne actuellement en tournée revient avec Né So. Un disque où elle parle de son pays, des réfugiés et des populations déracinées.

On appartient à l’endroit où l’on plante ses rêves. Dans Né So, Rokia Traoré renoue avec son Afrique natale et rend hommage aux populations déracinées : « En 2014, encore 5,5 millions de personnes ont fui leur maison / forcées de se réfugier dans des villes, des pays, loin de chez elles », chante-t-elle. Une fois encore, la chanteuse malienne émeut par son interprétation sensible et le message d’amour qui émane de ses chansons depuis ses débuts. Une philosophie emplie du désir de partage de la culture de l’autre qui traverse son univers depuis la sortie de son premier album, Mouneïssa, en 1998.

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Rokia Traoré a toujours su mêler tradition et modernité. Né So, qui en bambara signifie « chez moi », témoigne ainsi des temps présents et du sort des migrants victimes des guerres et des crises économiques, qui ont perdu leur vie en quittant leur terre sans trouver de pays d’accueil. >

En bambara, en français, en anglais, son chant résonne

Née à Kati, dans la banlieue de Bamako, au Mali, Rokia a passé son enfance à voyager au gré des missions de son père, diplomate. Une vie d’itinérance où elle écoute du jazz et du blues, encouragée par son père – qui jouait du saxophone –, mais aussi les chants traditionnels des cérémonies familiales. Repérée à l’âge de vingt ans par le musicien malien Ali Farka Touré, Rokia Traoré va rapidement apprendre la guitare, sur laquelle naîtront ses futures compositions. Encouragée par le succès du titre Finini, écrit en 1995, elle enchaîne les concerts et remporte, quatre ans plus tard, le prix découverte de Radio France internationale, dont le jury est présidé par Papa Wemba.

Dès lors, sa notoriété ne va pas cesser de grandir, l’entraînant dans de longues tournées à travers le monde où résonne son chant en bambara, en anglais ou en français, teinté de blues du Sahel. Des sonorités que l’on retrouve dans Wanita, son deuxième disque, et surtout dans Bowmboï, disque d’or en France avec 100 000 exemplaires vendus, élu meilleur album en 2003 par la chaîne anglaise BBC 3 dans la catégorie « World Music ».

Elle chante la beauté et la complexité de l’humanité

Un répertoire au croisement de la musique mandingue, de la pop-rock et du folk qui la conduiront jusqu’aux victoires de la musique, en 2009, où elle est couronnée dans la catégorie « album de musiques du monde ».

Après avoir longtemps vécu à Amiens, elle s’est installée à Bamako, mais le conflit au Mali en 2013 l’a contrainte à repartir en Europe avec son fils : « Cette situation de pays en guerre m’a bouleversée, dit-elle, et m’a fait perdre une naïveté que je ne soupçonnais pas. Je me suis rendu compte que j’étais encore très candide. » Un chaos qui s’est accompagné d’autres bouleversements dans l’industrie de la musique, qu’elle a dû affronter et lui ont fait poser un regard différent sur la vie : « Tout tombait en même temps, se souvient-elle. Il n’est jamais agréable de traverser des expériences difficiles, mais c’est aussi ce qui aide à grandir, à comprendre pourquoi on s’accroche ou renonce à certaines choses. »

Rokia Traoré a heureusement choisi de continuer et de revenir, deux ans après Beautiful Africa, avec un magnifique album où elle chante l’humanité dans sa beauté et sa complexité. Un voyage accompagné d’un texte de l’écrivaine américaine Toni Morrison (prix Nobel de littérature en 1993) interprété avec le chanteur Devendra Banhart et d’une reprise de Strange Fruit, emprunté à Billie Holiday, qu’elle fait joliment vivre sur scène, en attendant son concert au Trianon, à Paris, le 28 octobre.

Victor Hache
Vendredi, 11 Mars, 2016
L'Humanité
 
Lien permanent Catégories : Artiste : Rokia Traoré, Chansons, Monde, Musique Pin it! 0 commentaire Imprimer

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