Paul Robeson est né à Princeton (New Jersey, USA) en 1898, était le fils d’un esclave marron de Caroline du Nord.
D’abord pasteur, puis professeur, il se tourna, après s’être installé en Angleterre dès 1920 pour échapper à la ségrégation, vers le cinéma et la chanson, grâce à une remarquable voix de basse qui allait le rendre célèbre.
En tant qu’acteur, Robeson est notamment connu pour son interprétation du film The Emperor Jones de Dudley Murphy en 1933.
En 1936 il alla soutenir le bataillon Abraham Lincoln, composé de volontaire américains participant aux Brigades Internationales en Espagne.
Ne se contentant pas d’interpréter des chansons engagées, Robeson, véritable militant, n’hésita pas à se rendre en Union soviétique pour y dénoncer le racisme américain et la ségrégation.
Rentré aux États-Unis pendant la guerre et accusé d’être un communiste il se vit confisquer son passeport.
Un concert de Robeson, organisé à Peekskill, au nord de New York en 1949, suscita de violents affrontements. Les sympathisants du Ku Klux Klan, qui voulaient empêcher cette manifestation, y reçurent le soutien de la police.
En 1959 il se rendit à la fête de l'Humanité où il reçut une accueil enthousiaste.
Eugène Bullard, qui était venu en bus assister au concert de son ami Robeson, y fut battu et matraqué.
Paul Robeson fut l’un des premiers à faire campagne contre l’apartheid en Afrique du Sud.
Outre une vingtaine de films, pour la plupart britanniques, Robeson a été immortalisé par son interprétation de la chanson Old Man River.
Ol' Man River
Ol' Man River est une chanson écrite par Oscar Hammerstein, sur une musique de Jerome Kern, datant de 1927. Elle est le thème de la comédie musicale Show Boat, qui parle de la triste histoire et de la lutte des travailleurs afro-américains, du point de vue d'un docker noir, en l'imageant par le flot sans fin du Mississippi.
Elle est considérée comme un classique de la chanson américaine et nombre de musiciens et groupes ont repris cette chanson, comme Bing Crosby, Frank Sinatra, Ray Charles, Django Reinhardt, Paul Robeson, Ruth Brown, John William, Nino Ferrer et Art Pepper.
Traduction française
- « Ici, nous travaillons tous le long du Mississippi,
- Ici, nous travaillons tous tandis que les blancs s’amusent,
- Tirant les bateaux de l’aube au coucher du soleil,
- Sans connaître de repos jusqu’au jour du jugement dernier
- Ne regarde ni en haut ni en bas,
- Tu ne peux prendre le risque de mécontenter le patron blanc,
- Plie les genoux, courbe la tête,
- Et tire cette corde jusqu’à la mort.
- Laisse-moi partir loin du Mississippi,
- Laisse-moi partir loin du patron blanc,
- Montre-moi ce fleuve qu'on appelle le Jourdain,
- Ce vieux fleuve que je languis de traverser.
- Sacré bonhomme de fleuve, sacré bonhomme de fleuve,
- Il doit bien savoir quelque chose,
- Mais il ne dit rien,
- Il suit simplement son cours,
- Il va imperturbablement son chemin.
- Il ne plante pas de pommes de terre,
- Il ne plante pas de coton,
- Et ceux qui les plantent sont vite oubliés,
- Et ce sacré bonhomme de fleuve,
- Lui, suit tranquillement son cours.
- Vous et moi, nous suons et trimons,
- Le corps endolori et rompu de fatigue,
- Halant les chalands, soulevant les balles,
- Et pour un verre de trop tu te retrouves au cachot.
- Je dois continuer à me battre jusqu'à la mort
- Et ce sacré vieux bonhomme de fleuve poursuit imperturbablement son chemin.»