LES JEUNES COMMUNISTES FONT LA REVOLUTION A BOBIGNY (13/04/2025)

Dépénalisation du cannabis, Sécurité sociale de l’alimentation ou remboursement des fauteuils roulants : au congrès du MJCF, les jeunes communistes ont de la suite dans les idées.

Ce week-end du 11, 12, 13 avril 2025, le Mouvement des Jeunes Communistes de France a tenu son 44e congrès à Bobigny. Venus des quatre coins de la France, les militants ont débattu sur des questions sociales et écologiques pour mettre à jour leur texte d’orientation.

Elora Mazzini l'Humanité 

Dans la salle Pablo-Neruda, à Bobigny (Seine-Saint-Denis), les idées fusent, ce samedi 12 avril. Faut-il mettre en place un service militaire volontaire ou obligatoire ? Qui devrait payer les stagiaires : l’État ou les patrons ? Est-il souhaitable de mettre en place une Sécurité sociale de l’alimentation ?

Autant de grandes questions qui agitent les délégués du Mouvement jeunes communistes de France (MJCF), à l’occasion du 44e congrès de l’organisation. Pendant trois jours, du 11 au 13 avril, ils étaient près de 260, âgés de 15 à 30 ans, à phosphorer pour redéfinir le texte d’orientation et les statuts du MJCF, qui fixeront la ligne directrice jusqu’en 2028, date du prochain congrès.

Des débats parfois houleux

Les chantiers thématiques sont vastes et le temps imparti parfois trop restreint au goût des jeunes congressistes – deux minutes top chrono pour défendre sa position. A fortiori quand le sujet est clivant et houleux, comme ce samedi matin : dépénalisation ou légalisation du cannabis ? Face au trop grand nombre de propositions déposées par les fédérations locales à ce propos (preuve que ce sujet est central pour la jeunesse, alors qu’en moyenne un ado de 17 ans sur trois a déjà fumé de l’herbe), seules quelques prises de parole ont pu être entendues.

« C’est un peu le jeu de ce genre de temps démocratique. On ne peut pas tous intervenir pour donner notre avis », tempère Icare, militante du Tarn. Pour certains, seule une mesure de légalisation permettrait d’accompagner la consommation et de créer de vrais parcours de santé publique pour sortir de la dépendance. « Je suis contre la prohibition, et je suis pour un encadrement et une responsabilisation collective, affirme Léo, délégué de la fédération des Hautes-Pyrénées. Je trouve qu’on n’a pas parlé assez de social et d’accompagnement. » D’autres plaident en faveur de la dépénalisation, sur le modèle canadien, pour ne pas en promouvoir, justement, la consommation. C’est cette option qui sera retenue dans le texte d’orientation voté en définitive.

Près de 2 000 amendements ont été déposés par les différentes fédérations au total. Alors il faut être efficace et rester bien attentif, car l’art de la synthèse se joue parfois à une virgule ou à une tournure de phrase. D’autres propositions font, à l’inverse, l’unanimité. C’est le cas d’un amendement suggéré par la fédération de Gironde qui concerne l’accessibilité des lieux publics et du remboursement à 100 % des fauteuils roulants pour les personnes en situation de handicap. Un oubli du texte d’orientation initial désormais réparé.

L’esprit de camaraderie

Assan Lakehoul, secrétaire général du MJCF, se félicite du bon déroulé des débats de l’organisation, qui se veut « proche, utile et révolutionnaire » : « On répond à des questions qui sont connectées aux enjeux de la jeunesse, dans un moment où la JC est en forme. On a presque 70 fédérations ! J’ai envie que partout où l’on milite, ça change la vie des gens. » Un maillage d’autant plus précieux à l’heure où l’extrême droite grignote du terrain partout et se sent de plus en plus décomplexée. Assan Lakehoul lui-même a été la cible d’une campagne haineuse et raciste sur les réseaux sociaux. Sa « faute » ? Avoir simplement rappelé pourquoi Marine Le Pen a été condamnée et avoir défendu les juges face à la vendetta frontiste.

Une préoccupation qui s’étend du reste à l’international : ce week-end, plusieurs délégations en provenance de Palestine et d’Israël ont pu évoquer leur lutte commune contre la politique de colonisation du gouvernement d’extrême droite de Benyamin Netanyahou. Des jeunes Chypriotes ont rappelé leur combat contre l’occupation de l’île par la Turquie, quand les militants portugais ont, eux, témoigné de leur inquiétude face à la percée récente du parti d’extrême droite Chega, alors que des législatives doivent se tenir en mai, suite à la dissolution du Parlement.

C’est au fond tout un monde qui a convergé à Bobigny pour échanger avec les jeunes communistes. Une manière de rappeler que la solidarité internationale est toujours au cœur des préoccupations du MJCF. « Les échanges qu’on a entre nous forment énormément. Ça pousse vraiment à la réflexion. Et il y a un côté très humain qu’on trouve ici et pas forcément chez d’autres partis », assure Icare. « La familiarité aussi, renchérit l’une de ses camarades. Les communistes, c’est vraiment une grande famille. »

A L'OCCASION DE CE CONGRES, CAMILLE MONGIN, 21 ANS A ETE ELUE SECRETAIRE NATIONALE DE L'UNION DES ETUDIANTS COMMUNISTES EN REMPLACEMENT DE LENA RAUD

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Originaire des Côtes-d’Armor, Camille Mongin a été élue secrétaire nationale de l’Union des étudiants communistes (UEC), dimanche 13 avril à Bobigny. L’étudiante en master d’économie, gestion de l’environnement et développement durable souhaite « continuer à faire de l’UEC un mouvement de masse ».

Pour preuve d’un militantisme commencé quasiment au berceau, elle évoque la Fête de l’Humanité. « J’ai 21 ans, presque 22, et cette année ce sera ma 21e Fête de l’Humanité. C’est un événement que je ne manque jamais ! »
évoque en riant Camille Mongin.

La jeune femme a été élue secrétaire nationale de l’Union des étudiants communistes (UEC), dimanche 13 avril, lors du 44e congrès du Mouvement jeunes communistes de France (MJCF). Originaire des Côtes-d’Armor, Camille Mongin a hérité son engagement communiste de sa famille maternelle, dont elle reprend le flambeau très jeune. « Quand je suis arrivée au lycée, on était en plein dans la réforme du bac et de Parcoursup. J’ai tout de suite perçu de nombreuses injustices qui m’ont donné envie de m’engager », se souvient-elle.

« Continuer à faire de l’UEC un mouvement de masse »

D’abord responsable lycéenne dans sa fédération locale, Camille Mongin passe la main lorsqu’elle déménage à Brest (Finistère) pour ses études de biologie, mais continue de s’investir et y remonte la fédération finistérienne de l’UEC. Poussée par ses camarades, elle candidate ensuite au conseil national et entre à la coordination, où elle occupait le poste de chargée de la formation jusqu’à ce week-end.

Des fonctions politiques qu’elle occupe en parallèle de son master en économie, gestion de l’environnement et développement durable – son sujet de prédilection, qu’elle travaille attentivement à ne pas décorréler des questions sociales.

Ses objectifs en tant que nouvelle secrétaire nationale ? Camille Mongin liste ses ambitions : « Continuer à faire de l’UEC un mouvement de masse, structurer davantage autour des autres filières plus professionnelles comme les IUT, créer des groupes de travail autour des lycées. Léna Raud (sa prédécesseure à la tête de l’UEC – NDLR) a entamé beaucoup de grands chantiers, donc il faudra continuer le travail formidable qu’elle a déjà accompli. »

19:40 | Tags : mjcf, bobigny | Lien permanent | Commentaires (0)