Fête de l’Humanité 1977 : Miriam Makeba, en exil dans son pays, à la Fête chez elle (10/09/2024)
La chanteuse et combattante sud-africaine avait fait un premier passage remarqué à la Fête de l’Humanité en 1972. Toujours en exil, elle revient cinq and plus tard en icône du combat contre l’apartheid, quelques mois seulement après les massacres de Soweto.
Miriam Makeba, née le 4 mars 1932 à Johannesbourg en Afrique du Sud et morte le 9 novembre 2008 à Castel Volturno en Italie, est une chanteuse d'ethno-jazz et une militante politique sud-africaine, naturalisée guinéenne dans les années 1960, puis algérienne en 1972. Elle est parfois surnommée « Mama Africa »
« Une star internationale », « la chanteuse africaine la plus fameuse », comme s’en fait écho un article du Matin, et une grande amie de l’Humanité est attendue ce samedi 10 septembre, à 18 heures, dans le parc de La Courneuve. Elle a 45 ans, elle est au pic de sa carrière et le temps est loin où la jeune Zenzile Makeba Qgwashu Nguvama, timide choriste des Manhattan Brothers, groupe vocal de Johannesburg, se retrouvait à jouer dans un film, Come Back Africa, qui scellera son destin : salué à la Mostra de Venise, celui-ci dénonce de l’apartheid, ce qui entraînera l’interdiction à la chanteuse de revenir en Afrique du Sud et fera d’elle une figure artistique et politique de premier plan.
Mama Afrika a foulé les scènes les plus prestigieuses, adoubée par Harry Belafonte, tout en épousant la cause du panafricanisme et, côté cœur, l’un des leaders des Black Panthers, Stokely Carmichael. La Fête de l’Humanité, Miriam Makeba la connaît bien. Elle s’y est déjà produite en 1972, année à l’affiche extrêmement riche : Ferrat, The Who, Voices of East Harlem, etc. En 1977, elle y est en vedette.
Un public très nombreux se presse devant la Grande Scène, dans un double élan. Celui de se laisser emporter par les chants et rythmes d’Afrique du Sud dont elle a familiarisé les accents et les chatoiements, et celui de la solidarité ardente, un an après le massacre de Soweto. Ce sera un grand moment, comme seule la Fête de l’Humanité les provoque. Le journal rapporte : « Enveloppée d’une superbe robe de mousseline multicolore, des boules colorées au bout de ses nattes, Myriam Makeba est un spectacle à elle seule. »
« Je ne chante pas la politique ! Je chante la vérité ! »
Déjà en 1972, elle avait détonné dans son long boubou multicolore et l’imposante coiffe traditionnelle qui lui donnait un air de princesse. Elle chante en anglais, bien sûr, devenu sa langue usuelle, mais aussi en zoulou, en tswana ou en xhosa. Dans cette dernière langue s’exprime la caractéristique qui avait attiré l’attention sur elle : le chant est parcouru d’un cliquetis sec produit alors même qu’elle parle, ponctuant ainsi son propos de manière étrange pour l’oreille occidentale. Ses mélodies chantent la tolérance et la paix.
Elle est accompagnée d’une formation aux accents jazz et traditionnels, qu’on n’appelle pas encore world music, et de choristes danseuses qui enflamment le spectacle. Sa fille Bongi la rejoindra sur scène pour trois titres. Avant de s’effacer sous les applaudissements nourris d’un public conquis, la chanteuse dira son bonheur d’être ici, à la Fête de l’Humanité : « Je ne chante pas la politique ! Je chante la vérité ! Si cette vérité est politique, (…) je n’y peux rien. »
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