Palestine Fadwa Khader,
un exemple pour 
la cause des femmes (26/08/2015)

Dirigeante communiste palestinienne, elle se bat pour les droits 
des femmes, contre les violences qui leur sont faites. 
Elle sera présente à la Fête de l’Humanité.

Fadwa Khader est sur tous les fronts : membre du bureau politique du Parti du peuple palestinien (PPP), elle fut à plusieurs reprises candidate aux élections à Jérusalem-Est, ce qui lui valut de connaître les prisons israéliennes. Active dans la défense des prisonniers politiques, elle préside l’Organisation palestinienne des femmes rurales. Ces dernières années, elle s’est lancée dans la lutte contre les « crimes d’honneur » qu’elle a eu le courage d’initier en Palestine, bravant la tradition et les non-dits. Elle a ajouté une nouvelle corde à son arc en créant l’association « Tournesols », qui se bat pour la défense de l’environnement, une question longtemps ignorée dans le contexte de l’occupation israélienne et des contraintes que subit la population palestinienne.

Vive, brune, toujours souriante, personne n’imaginerait que ce vif-argent est déjà grand-mère de huit petits-enfants. En énumérant tout ce qu’elle a accompli, on se demande où elle a trouvé le temps d’élever ses deux garçons et ses trois filles. Où a-t-elle puisé toute l’énergie et le courage dont elle déborde ?

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Elle est totalement engagée 
dans la cause des femmes

 

palestinecol.jpgSa réponse est toute simple : « L’exemple de ma mère et le parti communiste, auquel j’ai adhéré quand j’étais encore au lycée. » « J’ai perdu mon père quand j’avais trois ans et demi dans un accident de camion. Il travaillait pour la compagnie d’électricité de Jérusalem.

Ma mère a élevé seule ses trois enfants dont j’étais l’aînée. Elle a travaillé dur : elle était infirmière et en plus elle cousait et brodait tout en assurant notre protection, ce qui n’était pas une mince affaire. Nous habitions le village de Beit Saafa, entre Jérusalem et Bethléem. En 1961, il a été coupé en deux par la frontière entre la Jordanie et Israël. Ma mère et ma grand-mère ont alors déménagé à Jérusalem pour que nous puissions aller à l’école sans courir trop de dangers car nous étions sur la ligne de démarcation.

Cela a été terrible pour moi de quitter notre belle maison avec son grand jardin, ses arbres et ses fleurs. Nous habitions la Vieille Ville, mais tous les mois nous allions dans notre maison. Et puis, en 1967, la guerre a commencé et les Israéliens ont tout occupé. Ils ont fermé la maison et l’ont marquée d’une croix rouge, ce qui signifiait qu’ils allaient la confisquer. Ma mère était furieuse. Elle est allée chez les voisins chercher de quoi effacer la croix, elle a fait revenir nos meubles de Jérusalem. Les Israéliens lui ont proposé beaucoup d’argent pour qu’elle émigre en Amérique.

Elle a dit non. Alors ils ont commencé à nous harceler jour et nuit, mais elle n’a pas cédé. Elle a encouragé nos voisins à revenir, à occuper leurs maisons et à résister.

Aujourd’hui, à 79 ans, elle y habite toujours. En se battant pour ses droits et sa dignité, elle a donné un exemple extraordinaire du courage des femmes palestiniennes et 
c’est cet exemple que j’ai voulu suivre. Je suis très fière d’elle. Elle m’a aussi aidée à élever mes enfants quand j’étais prise par mes 
différentes activités. »

 

Pas étonnant que Fadwa se soit totalement engagée dans la cause des femmes. Un choix assumé dès ses années d’études à l’université de Bethléem, où elle s’est spécialisée dans la question de l’éducation féminine. « J’ai essayé d’acquérir le plus de connaissances possible pour les transmettre aux femmes. En ce moment, avec mon comité, nous élaborons de nouvelles lois pour 
leur donner plus de droits et une meilleure protection contre la violence.

Celle de 
l’occupation mais aussi celle liée aux traditions. Le président Mahmoud Abbas a fait des déclarations très encourageantes en ce sens. Malheureusement, nos institutions ne fonctionnent pas, le Conseil national palestinien ne peut pas voter de lois. Il faudrait des élections car son mandat est dépassé, comme celui du président. Mais ce n’est pas facile avec l’occupation, le blocus de Gaza et sa séparation de la Cisjordanie. »

 

Une des choses qui lui tiennent le plus à cœur, c’est son engagement communiste. « J’ai adhéré aux jeunesses communistes à 17 ans, puis au Parti communiste. Quarante ans après, j’y suis toujours et je ne l’ai jamais regretté », dit Fadwa, qui se réjouit d’être bientôt, le 11 septembre, à la Fête de l’Humanité.

Elle compte y alerter le public sur de nouveaux dangers : « Nous faisons face à une montée des mouvements intégristes qui menacent toute la région. S’ils en prenaient le contrôle, tous nos acquis seraient remis en cause et nous verrions des violations des droits humains dont personne n’a idée. » Fadwa Khader, petite-fille d’un rescapé du génocide arménien – son grand-père paternel, originaire d’erbil, a vu à six ans ses parents massacrés sous ses yeux – en a, elle, une certaine idée. Et elle s’effraie de voir la Turquie d’Erdogan se mêler à nouveau des affaires de la région.

En Syrie et en Irak, mais aussi en Palestine : « On sait que la Turquie patronne, avec l’aide des Britanniques et de Tony Blair, un projet d’accord entre le Hamas et Israël, avec liaison directe entre Gaza et Chypre turque. Cela détruirait tout avenir pour la Palestine, tout projet national. Je crois que c’est la pire période que nous ayons connue, en dehors des guerres, bien sûr. »

Elles et les combats d'aujourd'hui
Françoise Germain-Robin
Mardi, 25 Août, 2015
L'Humanité

09:40 | Tags : fadwa khaser, palestine, femme, résistante | Lien permanent | Commentaires (0)